NIKODEM

Février 2023

L’urgence de filmer

Réalisateur fontenaysien, Nikodem a su combiner le cinéma comme art collectif et son action associative, deux passions qui s’enchevêtrent et s’alimentent. 

Après un engagement de plus de dix ans au sein de son association RIP (Résister, Insister, Persister), Nikodem Rautszko Panz a monté Video Graphic, en 2009. «  L’envie de faire des films sommeillait en moi depuis le lycée, explique-t-il. J’étais à Berlioz, où j’avais fait mon premier court-métrage. Peu à peu, je me suis entouré d’une équipe, et pendant cinq ans, on a réalisé dix courts, les VIZAVI, sortes de cauchemars urbains tournés dans la tradition du cinéma guérilla. Mon engagement associatif nourrit mes films en idées, en souvenirs.  »

Sa trilogie Olympic ne l’est devenue qu’après coup. Réalisés sans l’idée d’être assemblés, les trois courts — De Glace, Dojo, Halter Ego — sont en cohérence. Tournée dans des équipements communaux (la patinoire, le dojo Antoine-Cauret, la salle Jean-Lillier), la trilogie a obtenu une soixantaine de nominations dans de nombreux pays. De Glace a reçu trois prix à Los Angeles et est resté un mois en exclusivité sur le site de Clique. Quant à Dojo et Halter Ego, ils ont récemment été achetés par la chaîne OCS.

Une fabrique de souvenirs

Dès la création de Video Graphic, Nikodem a organisé des ateliers vidéo destinés aux 12-17 ans. «  Les jeunes, mais pas uniquement, sont réalisateurs sans le savoir. L’audiovisuel a désormais une place énorme dans notre langage culturel. Il est d’autant plus nécessaire d’acquérir les bases de la grammaire audiovisuelle.  » Un atelier type s’étend sur cinq jours pendant les vacances scolaires. De l’analyse filmique à l’écriture d’un scénario jusqu’au tournage et au montage du film, la semaine est dense et riche en souvenirs. «  Le deuxième jour, nous faisons maintenant une initiation théâtrale, ajoute Nikodem. Les jeunes ont besoin de s’exprimer. J’aimerais plus encore développer cette partie.  »

Anciennement à la Maison du citoyen et de la vie associative, Video Graphic s’est installée aux «  Bains Douches  », dans l’ancien local du service Jeunesse, désormais un lieu de vie consacré à l’économie sociale et solidaire, géré par Plateau Urbain. «  Nous pourrons de nouveau accueillir des services civiques, ce qui est aussi l’intérêt de faire des films dans un cadre associatif. Un film, c’est une somme d’énergies à un instant T. Pour nous tous, c’est une fabrique de souvenirs.  »

Sans pour autant couper court aux films courts, faire un long est sa finalité. Un objectif en bonne voie : «  J’ai été sélectionné dans une résidence d’écriture, SO FILM de genre, en partenariat avec Wild Bunch, Canal +, le CNC et Bordeaux Métropole. Mon projet fait partie des 10 sélectionnés sur 300. Et aujourd’hui-même [21 décembre], j’ai appris qu’il sera dans les 5 finalistes.  » En juin 2022, Nikodem s’était rendu à Bordeaux pour participer à la première session de résidence, consistant à développer sous forme de traitement les projets de film. Les séances de retravail étaient menées par des script doctors (scénaristes consultants). Il retournera donc à Bordeaux en mars prochain pour la seconde résidence, laquelle sera consacrée à l’écriture d’une première version. «  Le cinéma est un milieu très dur, témoigne Nikodem. Il faut être extrêmement patient. Mais si je dois faire un long-métrage, ce sera celui-là. Quoi qu’il arrive, je le ferai.  ».