SELON TOUTES PROBABILITÉS

Février 2025

Professeur agrégé de mathématiques au lycée Picasso, Maxime Celhay est aussi un jeune écrivain intarissable sur sa matière.

Avec un père et un grand-père professeurs de mathématiques, Maxime Celhay est tombé tôt dans le chaudron des équations, fractions et autres inconnues qui fascinent ou terrorisent. Pourtant, l’enseignant agrégé de mathématiques au lycée Picasso aurait pu privilégier la sphère du langage avec une mère orthophoniste. « À l’âge de 7 ans, j’impressionnais les copains en colonie en leur récitant les fiches de multiplications au carré que mon père glissait dans mes affaires », se souvient le trentenaire, mince comme une mine de critérium et néanmoins ancien demi de mêlée de rugby. Se méfier des apparences. Une confirmation, cependant : ce jeune papa a les maths chevillées au corps et une soif de transmettre au moins aussi intense. « Étudiant, j’ai quitté le domaine des maths fondamentales, trop abstrait, pour revenir vers quelque chose de plus concret, et l’enseignement est devenu une évidence », explique l’agrégé. Une entrée en matière il y a une dizaine d’années en lycée, et des cours dans des classes préparatoires de grands lycéens parisiens : ce large spectre d’exercice lui donne une dimension « tous terrains ».

TIRER LES ÉLÈVES VERS LE HAUT

« J’enseigne à des classes de seconde et de terminale générale, ayant des niveaux en maths très hétérogènes », précise-t-il. Son défi ? Tirer les élèves vers le haut sans en laisser d’autres dans l’ornière. « C’est bien plus stimulant qu’enseigner à des premiers de la classe », affirme-t-il. Sa jubilation ? Réussir à débloquer des élèves qui désespéraient d’y arriver. Lui-même n’alignait pas les 20/20. « Au collège, je butais sur les factorisations, et au lycée, j’avais un niveau standard. » Il se disait que ça viendrait, et c’est venu. De quoi rassurer les lycéens pour lesquels il anime des séances d’accompagnement personnalisé.

Il a pensé à eux lorsque l’écriture a commencé à le démanger. En novembre dernier, Maxime a publié son premier opus. Le thème : comment sont structurés les sondages, et comment mesure-t-on leur fiabilité ? « Ce livre donne des clés pour répondre à cette question à l’aide des probabilités. » Mieux appréhender l’envers du décor, permet d’éviter aux citoyens de se faire mener par le bout du nez. « Une grosse partie de l’ouvrage est accessible aux lycéens qui suivent la spécialité Mathématiques en terminale », précise-t-il. Plus de trois ans se sont écoulés entre l’idée, la rédaction, la correction des épreuves par des pointures d’Instituts de recherche sur l’enseignement des mathématiques (IREM) et des collègues, jusqu’à la parution. Sa mère a traqué les fautes d’orthographe, et sa compagne a revu la syntaxe.

« J’avoue que j’ai versé quelques larmes en recevant les premiers exemplaires, mais pas autant que pour la naissance de ma fille. » Il ne lit pas les commentaires sur les réseaux sociaux, vu qu’il s’en est affranchi. « Lorsque je vois ce que devient X, je ne regrette pas. » Il dit que c’est du temps libéré pour sa famille. Des heures regagnées qu’il consacre également au Lindy Hop, cette danse issue de la mouvance swing. « C’est joyeux, entraînant, et ça donne la pêche. » Sa forme, il l’entretient aussi à vélo. « Je n’ai pas de voiture, trop inconciliable avec l’environnement. » Voilà une équation résolue. 

[+] D’INFOS :Probabilités du Lycée au Supérieur. Structure et fiabilité des sondages. Éditions Cépaduès.