
UN ACCUEIL DIGNE DE CE NOM
François Demaison, diacre fontenaysien, a créé un réseau de bénévoles pour l’accueil des demandeurs d’asile : Welcome Fontenay.
François Demaison habite Fontenay depuis 1956, tout juste un an après sa naissance. Il fréquentait la paroisse Saint-Germain, où il s’est marié. Retraité depuis six ans, cet ancien informaticien est l’un des cinq diacres de la commune : « J’ai été interpellé au diaconat permanent, rétabli par le Concile Vatican II, et ordonné en 2013. »
Suite au message du Pape François, le 6 septembre 2015, appelant chaque paroisse d’Europe à accueillir une famille de réfugiés, François Demaison et son épouse Martine sont devenus bénévoles au sein du Service Jésuite des Réfugiés (JRS pour Jesuite Refugee Service) et ont commencé à accueillir des migrants chez eux. « C’est en 2016 que nous avons créé Welcome Fontenay, avec des paroissiens de la ville. Il y a également des personnes du Perreux, de Neuilly-Plaisance. »
UN RÉSEAU SOLIDAIRE
Welcome Fontenay compte à présent une quarantaine de familles bénévoles. « Le collectif s’adresse à toutes et tous, croyant ou non, et quelle que soit la religion, souligne François Demaison. Des membres du collectif Fontenay Diversité nous ont rejoints. Nous travaillons également avec la CIMADE (1), le Secours Catholique, RESF (2)… »
Welcome Fontenay propose de l’hébergement et de l’accompagnement dans les transports. Car souvent, les migrants sont envoyés par l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII) dans des Centres d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA) situés en province ; aussi certains d’entre eux ne sont-ils jamais venus à Paris avant leur rendez-vous à l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFRPA). Dans son état des lieux des dispositifs d’accueil des demandeurs d’asile pour 2022, la CIMADE indique d’ailleurs que « les personnes orientées d’Île-de-France vers d’autres régions représentent entre 20 % et 60 % des admissions ».
François et Martine proposent aussi bien de l’hébergement que l’accompagnement dans les transports. « Nous avons accueilli des Afghans, des Syriens, des Palestiniens, des Géorgiens et des Albanais, mais la majorité des personnes viennent de pays d’Afrique. Nous recevons des demandes des CADA pour accompagner des migrants jusqu’à l’OFRPA. Mais ce peut être l’OFRPA qui nous demande d’accueillir une personne, ou bien la CNDA (3). Les associations de solidarité nous contactent aussi évidemment. »
DES RENCONTRES MARQUANTES
« Une femme kurde yézidi, qui avait perdu sa mère pendant la guerre, était arrivée en France grâce à l’ONU, évoque François Demaison. Cette jeune femme avait d’abord été accueillie à Taizé—ville en Bourgogne où un protestant (4) avait créé une communauté religieuse après 1945. Nous l’avons ensuite hébergée chez nous. Quelques mois après son retour à Taizé, elle nous y a invités. C’était important pour elle de nous recevoir à son tour. »
Récemment, François et Martine ont reçu une jeune afghane. Elle travaillait dans une administration et faisait partie d’une association pour l’instruction des filles. « Elle a été dénoncée aux Talibans et a dû fuir. Mais elle a pu obtenir le statut. Nous avons beaucoup parlé avec elle. »
Avec JRS, la congrégation Notre-Dame a proposé de mettre à disposition leur local de la rue Louis-Auroux. Il devrait ouvrir au premier trimestre 2024. « On y accueillerait les demandeurs d’asile avant leur entretien, indique François Demaison. Des salariés d’AXA sont prêts à être bénévoles. JRS travaillera sûrement avec la Croix-Rouge, qui avait le même projet. »
[1] Cimade, service œcuménique d’entraide
[2] Réseau Education Sans Frontières
[3] Cour Nationale du Droit d’Asile, juridiction administrative spécialisée statuant en premier et dernier ressort sur les recours formés contre les décisions de l’OFRPA
[4] Roger Schutz, ou frère Roger